“On n’a pas compté nos heures, on mérite une meilleure retraite”, témoigne un couple d’anciens agriculteurs

Dans le cadre de sa journée consacrée au pouvoir d’achat, ce jeudi 17 mars, France Bleu Berry donne la parole à un couple d’agriculteurs retraités. Installés à Chaillac (Indre), Robert et Arlette racontent comment ils font face à la hausse du coût de la vie avec leur modeste pension de retraite.


Pendant 40 ans, ils se sont donnés corps et âme pour leur métier. “Éleveur, c’est un métier passionnant, mais il ne faut pas compter ses heures, raconte Robert, 76 ans. Les brebis, les vaches, elles peuvent faire leurs petits aussi bien un samedi qu’un dimanche, ou bien dans la nuit”. Installé à Chaillac, au sud du département de l’Indre, cet ancien agriculteur raconte ses années de labeur, un travail physique et usant, aux côtés de sa femme Arlette. Ils ont également été aidants familiaux pour leurs parents pendant des années.

France Bleu Berry avait déjà rencontré ce couple d’agriculteurs berrichons en 2018 pour évoquer la problématique du pouvoir d’achat. Alors quatre ans après, qu’est-ce qui a changé ? Certes, il y a eu une légère revalorisation des retraites. Mais le coût de vie aussi a augmenté“Les achats au supermarchés, le carburant, les assurances pour la maison, pour la voiture, les complémentaires, les mutuelles, les médicaments qui ne sont pas tous remboursés… On ne roule pas sur l’or”, confie Robert.

“On mériterait une retraite plus adéquate que ce qu’on a aujourd’hui”, estime-t-il. Le couple explique vivre avec environ 700 euros de retraite chacun tous les mois. “On s’en sort parce qu’on fait du jardin, on récolte beaucoup, on n’achète presque pas de légumes, ça fait des économies, explique Robert. On y arrive parce qu’on est pas des gens dépensiers”. Il raconte aussi l’accès difficile aux soins et les frais de carburant : “Pour se soigner, faire une radio, il faut prendre la voiture et aller à Châteauroux. 70 km aller, 70 km retour, c’est énorme”

“On ne peut pas aller au restaurant tous les dimanches, on part rarement en vacances, poursuit l’ancien agriculteur, avec pudeur. On n’est pas malheureux, on ne va pas se plaindre”. Mais l’inquiétude se fait quand même sentir. Quand tout augmente, sauf les retraites, comment anticiper l’avenir ? “Si un jour, il faut qu’on aille dans une maison de retraite, c’est 2.200 euros par mois, je ne sais pas comment on va faire, confie Robert. Il faudra vendre la maison. Si c’est aux enfants de payer alors qu’ils ont déjà du mal à s’en sortir, je ne vois pas comment ça peut se passer”

Les retraites agricoles sont les plus faibles. On est en dessous du seuil de pauvreté

Leur fils a repris l’exploitation depuis plusieurs années. “C’est dur aussi pour lui, raconte son père. Comme tous les éleveurs du coin, il peine”

Robert et Arlette aimeraient que les retraites des agriculteurs soient revalorisées. Ils souhaitent aussi que le travail des femmes agricultrices soit mieux pris en compte. Pendant longtemps, beaucoup de femmes ont travaillé dans l’ombre dans les exploitations agricoles, sans forcément être déclarées, et se retrouvent aujourd’hui, parfois veuves, avec de maigres pensions.

Mairie de Chaillac (36)